Pour la deuxième année consécutive, l’édition du Safari Calédonien de 1969 est remportée par l’équipage Jean-Claude Ogier et Lucette Ogier-Pointet à bord d’une Citroën DS. Après le portrait de Jean-Claude dans un article précédent, c’est l’occasion pour nous de dresser celui de Lucette.

Lucette Pointet est née en 1936 à Montmerle-sur-Saône dans l’Ain. L’un de ses trois frères, Claude, a participé à de nombreuses courses de côte sur monoplace Fournier-Marcadier. Elle s’est habituée dès son plus jeune âge à être la navigatrice d’une amie de la famille, Nicole Pizot, la fille de Paul Pizot, un autre pilote de rallye. Elles auraient commencé la compétition dès 1955 mais c’est en 1959 qu’on les découvre officiellement à la deuxième place du rallye féminin Paris-St. Raphaël sur une DB Panhard.

En 1961, elle court sur une Renault Dauphine 1093 dans des courses de côte, et au rallye Neige et Glace où elle obtient la troisième place avec Simone Petit. Elle rencontre alors René Cotton, le fameux directeur de la compétition chez Citroën – qui a également embauché à la même époque Jean-Claude Ogier, son futur mari - qui lui propose de piloter une DS au rallye Paris Saint raphaël féminin 1963 . Elle s’impose et remporte la première place !

Navigatrice pour Claudine Bouchet sur une DS 19 (mariée en premières noces avec Patrick Verson, pilote régulier sur des DS au cours des années 60, puis en secondes noces avec René Trautmann, dont Jean-Claude Ogier était le co-pilote au début de sa carrière – vous m’en direz tant), la paire s’illustre dans les Coupes des Dames, et termine sixième au classement général du Tour de Corse. Après que Claudine a rejoint l'équipe Lancia pour la saison 1964, Lucette prend la relève en tant que principale espoir de la Coupe des Dames de l'équipe Citroën.

La même année, elle devient la co-pilote de Jean-Claude Ogier, fonction qu’elle occupera exclusivement pour lui jusqu’à la fin de sa carrière, avec deux exceptions en 1968 pour le marathon Londres-Sydney (équipe avec Smith Rosemary) et en 1971 avec Jean Vinatier pour la Coupe des Alpes.

Elle remporte en 1965 la coupe des dames au rallye de Monte Carlo et à l'East African Safari (quatorzième au général), et rate le triplé au rallye de l'Acropole. Sa coéquipière malade se trompe de note et Lucette se souvient d'avoir vu la DS foncer sur les spectateurs et avoir repris ses esprits dans une DS sur le toit, au milieu des fondations d'une maison et avec un gendarme dans la voiture. Le tout fort heureusement sans blessures graves.

En 1966, avec Jacqueline Fougeray, elle décroche enfin la coupe des dames au Monte Carlo, puis au Rallye des Alpes. Elle obtient la dixième place au général au Rallye de Genève. Au Rallye des routes du Nord en fin d’année, elle a un sérieux accident près de Reims, qui nécessite son évacuation par avion. Mais rien ne l’arrête.

En 1967, elle gagne le championnat de France féminin, finit huitième au général du Rallye du Mont-Blanc et 33ème au Monte Carlo, en deuxième position pour la coupe des dames. En 1968, elle est vice-championne de France de rallye. Sur la scène internationale, elle atteint une douzième place au Rallye du Portugal, au volant d'une DS21 avec sa nouvelle copilote, Michèle Veron. Mais elle abandonne au Monte Carlo et au Tour de Corse.

Nouvelle déception au marathon Londres-Sydney : avec la pilote Rosemary Smith, elles terminent à la 48ème place sur une Ford Lotus Cortina après une défaillance mécanique et une tentative de vol, auquel se sont ajouté de vraies difficultés de communication dans l’équipage.

En toute fin d’année 1968, avec Jean-Claude Ogier, ils remportent le deuxième Safari Calédonien. Le frère de Lucette résidait sur le territoire et Edouard Pentecost, distributeur local de la marque Citroën, les avait invité à participer au Safari. Ils récidivent en 1969. Ce sera la seule victoire de Lucette cette année-là. Plus tôt, elle a été engagée en tant que pilote au Rallye du Portugal mais n’a pas terminé. Toujours aux côtés de Jean-Claude Ogier, elle a cependant obtenu une huitième place à la Coupe des Alpes sur une DS 21 Proto.

En 1970, Lucette et Jean-Claude se marient enfin, et ils réalisent l’exploit de remporter le redoutable Ampol Trial, long de 16500 kms en Australie. Faisant quelques infidélités à Citroën, Lucette pilote une Ford Capri et une Escort préparées par Ford France, notamment pour le Tour de Corse qu’elle échoue à terminer. Elle est malgré tout seizième au Critérium Alpin et 24ème au Neige et Glace.

1971 est sa dernière année de compétition. Elle court avec Vinatier sur une Alpine-Renault A110 1800, auquel ils s’adjugent la seconde place, et participe aussi au Rallye de Jamaïque, concluant ainsi son goût pour les aventures exotiques.

Elle crée, avec son époux, le rallye historique de la route Napoléon (1974/1975/1976) qui aura un grand succès, et on les retrouve pour un dernier pèlerinage sur le Rallye de l’Acropole à bord d’une Citroën Visa Trophée en 1982.
Lucette a ensuite collaboré au comité d'organisation de plusieurs rallyes français, dont le Tour de Corse et le Monte Carlo. La passion, l’opiniâtreté et la discrétion ont caractérisé sa vie. Bien que sa carrière soit riche, on trouve assez peu de récits et de photographies la concernant. Sa fille, Catherine Ogier-Falzon, a également œuvré comme co-pilote avec son père Jean-Claude Ogier sur Panhard 24CT, au 7ème Cévennes GT2i Classic et à la Ronde de Trièves. Leurs fils, Jean-François Pointet-Ogier, sportif de haut niveau est un joueur de hockey sur glace depuis 1974.



3 DS engagées, dont celle de Jean-Claude Ogier et Lucette Pointet :


Au départ de la station Total du rond point du Pacifique à Nouméa :


En attente du départ :


Louis de Pommelet et Bernard Gaüzère :


Lucette Pointet et Simone Petit au Neige et Glace de 1961 :


Avec Jean-Claude Ogier au Monte Carlo de 1965 :


Lucette Pointet et Jacqueline Fougeray au Monte Carlo de 1966 :


Lucette Pointet et Rosemary Smith au Londres-Sydney de 1968 :


En reconnaissance du Neige et Glace de 1970 :


Lucette et Jean-Paul Ogier à l'Ampol Trial de 1970 :




Jean-Claude et Lucette en 2018, pour un article du Dauphiné Libéré :

Ce n'était pas un canon Lucette!!!

Peut-être pas, mais sur la route oui ! Et puis je trouve qu’ils vont bien ensemble.

indienestmonnom écrit:
Lucette Pointet est née en 1936 à Montmerle-sur-Saône dans l’Ain. L’un de ses trois frères, Claude, a participé à de nombreuses courses de côte sur monoplace Mercadier.


... la paire s’illustre dans les Coupes des Dames

1°/ Je crois que c'est Fournier-Marcadier. Ci-dessous la monoplace Aral présentée en 1966, préfigurant les autos de la formule France :



2°/ Tu aurais pu, en ajoutant une consonne, franchir les limites de la décence

C'est corrigé. Par contre, pour la consonne, je ne vois pas...