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Pour faire un bon pèlerinage, il faut d'abord avoir la foa !
- indienestmonnom
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19 Fév 2020 08:03 - 19 Fév 2020 08:06 #6902
par indienestmonnom
indienestmonnom a créé le sujet : Pour faire un bon pèlerinage, il faut d'abord avoir la foa !
C'était il y a 26 ans. Jour pour jour.
Après avoir quitté l’armée, j’avais échoué en Nouvelle-Calédonie avec les reliquats de ma solde de sous-officier parachutiste. Je pensais y retrouver l’ambiance qui m’avait tant plu lors d’une compagnie tournante en Afrique Centrale. Mais au bout de quelques mois de présence sur le territoire, j’avais absolument tout dépensé dans les bars de Nouméa. Tandis que, les poches vides, je jeunais la journée et grapillais la nuit des quignons de pains et des mégots dans la salle commune de l’auberge de jeunesse, j’ai eu la chance qu’on me propose du travail. La boîte s’appelait Modern Télécom Pacific, c’était un sous-traitant de l’OPT. Il s’agissait de planter des poteaux, de tirer des câbles téléphoniques, et de faire des raccords au sommet des dits-poteaux sur lesquels on grimpait avec des « grimpettes », comme il se doit. Les trous devaient faire au moins 1m20 de profondeur avec un diamètre d’environ 80cm, on y allait à la barre à mine et à la pelle curette. On partait le lundi matin en brousse et on revenait le vendredi soir. Aucun petit blanc ne voulait faire ce job. L’équipe était constituée de kanaks et d’un asiatique. Si vous vous reconnaissez, soyez salués et recevez l’expression de mon profond respect.
Mon premier chantier eu lieu sur la RT1 de la Foa, au niveau de la Oua Tom. Je ne sais pas si ce sont toujours les mêmes aujourd’hui, mais nous avons planté tous les poteaux téléphoniques de la section. Nous étions en février, le soleil tapait dur, l’herbe était jaune. C’était un boulot de forçats. Au bout de quelques centimètres, la terre laissait place à la roche, il fallait creuser au marteau piqueur, avec la longue mèche. On remontait une petite poignée de cailloux toutes les 5 minutes, on faisait deux ou trois trous par jour. Torse poil, avec mon short en jean découpé et mes godasses de sécurité, je me voyais comme Steeve Mc Queen dans « Papillon ». Je ne savais pas encore que l’homme me poursuivrait bien plus tard, dans un autre de ses rôles, celui du pilote Porsche dans « Le Mans »…
Nous logions à l’hôtel Banu, dans les chambres de derrière. Quand on rentrait au coucher de soleil, on allait d’abord prendre une douche et on se retrouvait ensuite rapidement pour le dîner. Je garderais toujours le souvenir du beurre à table, sur lequel je me jetais avec frénésie, trop heureux de manger au frais de l’employeur. Car le week-end, de retour à Nouméa, c’était ceinture en attendant ma première paye. Pendant le repas, nous gardions les yeux sur le journal télévisé dans la salle de restaurant, on parlait peu. On se requinquait. Mais après, on s’enfilait des litres de Number One avec les collègues, et nous avons noué des liens que seuls peuvent comprendre ceux qui en bavent ensemble.
J’ai donc passé mon 26ème anniversaire sur cette terre, dans cet hôtel.
De nombreux autres chantiers s’ensuivirent. Et puis j’ai rencontré ma femme. Si au début l’allure de baroudeur aux muscles secs lui convenait, il faut bien admettre que ce n’était pas viable ainsi. J’ai donc quitté cet emploi, et la vie a continué. De nouveau installé sur le caillou, je suis déjà retourné au Banu. Mais y aller aujourd’hui, jour de mon 52ème anniversaire, au volant de mon Targa sorti des chaines de production la même année, c’était un pèlerinage immanquable ! Le lieu a finalement peu changé. Il y a encore plus de casquettes suspendues au plafond, la façade a été refaite, mais j’y retrouve les mêmes clients, la même ambiance. Cette maison a tant d’histoire qu’il faudrait lui consacrer un article entier.
Ce fut une belle ballade, pleine d’émotion. La route, ma route, qui trace son sillon au travers des pâturages, les montagnes d’un côté et la mer de l’autre, la passerelle Marguerite, les flamboyants, les rives de la Tontouta, je suis heureux.
Après avoir quitté l’armée, j’avais échoué en Nouvelle-Calédonie avec les reliquats de ma solde de sous-officier parachutiste. Je pensais y retrouver l’ambiance qui m’avait tant plu lors d’une compagnie tournante en Afrique Centrale. Mais au bout de quelques mois de présence sur le territoire, j’avais absolument tout dépensé dans les bars de Nouméa. Tandis que, les poches vides, je jeunais la journée et grapillais la nuit des quignons de pains et des mégots dans la salle commune de l’auberge de jeunesse, j’ai eu la chance qu’on me propose du travail. La boîte s’appelait Modern Télécom Pacific, c’était un sous-traitant de l’OPT. Il s’agissait de planter des poteaux, de tirer des câbles téléphoniques, et de faire des raccords au sommet des dits-poteaux sur lesquels on grimpait avec des « grimpettes », comme il se doit. Les trous devaient faire au moins 1m20 de profondeur avec un diamètre d’environ 80cm, on y allait à la barre à mine et à la pelle curette. On partait le lundi matin en brousse et on revenait le vendredi soir. Aucun petit blanc ne voulait faire ce job. L’équipe était constituée de kanaks et d’un asiatique. Si vous vous reconnaissez, soyez salués et recevez l’expression de mon profond respect.
Mon premier chantier eu lieu sur la RT1 de la Foa, au niveau de la Oua Tom. Je ne sais pas si ce sont toujours les mêmes aujourd’hui, mais nous avons planté tous les poteaux téléphoniques de la section. Nous étions en février, le soleil tapait dur, l’herbe était jaune. C’était un boulot de forçats. Au bout de quelques centimètres, la terre laissait place à la roche, il fallait creuser au marteau piqueur, avec la longue mèche. On remontait une petite poignée de cailloux toutes les 5 minutes, on faisait deux ou trois trous par jour. Torse poil, avec mon short en jean découpé et mes godasses de sécurité, je me voyais comme Steeve Mc Queen dans « Papillon ». Je ne savais pas encore que l’homme me poursuivrait bien plus tard, dans un autre de ses rôles, celui du pilote Porsche dans « Le Mans »…
Nous logions à l’hôtel Banu, dans les chambres de derrière. Quand on rentrait au coucher de soleil, on allait d’abord prendre une douche et on se retrouvait ensuite rapidement pour le dîner. Je garderais toujours le souvenir du beurre à table, sur lequel je me jetais avec frénésie, trop heureux de manger au frais de l’employeur. Car le week-end, de retour à Nouméa, c’était ceinture en attendant ma première paye. Pendant le repas, nous gardions les yeux sur le journal télévisé dans la salle de restaurant, on parlait peu. On se requinquait. Mais après, on s’enfilait des litres de Number One avec les collègues, et nous avons noué des liens que seuls peuvent comprendre ceux qui en bavent ensemble.
J’ai donc passé mon 26ème anniversaire sur cette terre, dans cet hôtel.
De nombreux autres chantiers s’ensuivirent. Et puis j’ai rencontré ma femme. Si au début l’allure de baroudeur aux muscles secs lui convenait, il faut bien admettre que ce n’était pas viable ainsi. J’ai donc quitté cet emploi, et la vie a continué. De nouveau installé sur le caillou, je suis déjà retourné au Banu. Mais y aller aujourd’hui, jour de mon 52ème anniversaire, au volant de mon Targa sorti des chaines de production la même année, c’était un pèlerinage immanquable ! Le lieu a finalement peu changé. Il y a encore plus de casquettes suspendues au plafond, la façade a été refaite, mais j’y retrouve les mêmes clients, la même ambiance. Cette maison a tant d’histoire qu’il faudrait lui consacrer un article entier.
Ce fut une belle ballade, pleine d’émotion. La route, ma route, qui trace son sillon au travers des pâturages, les montagnes d’un côté et la mer de l’autre, la passerelle Marguerite, les flamboyants, les rives de la Tontouta, je suis heureux.
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- JuanIV
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20 Fév 2020 21:40 #6904
par JuanIV
JuanIV a répondu au sujet : Pour faire un bon pèlerinage, il faut d'abord avoir la foa !
Émouvant et sympathique ce pèlerinage sur les traces d'un passé pas si lointain !
Bon anniversaire Jean-Marie
Bon anniversaire Jean-Marie
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- Graham
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25 Fév 2020 13:17 #6925
par Graham
Graham a répondu au sujet : Pour faire un bon pèlerinage, il faut d'abord avoir la foa !
Belle histoire, on croirait du Bernard Lavilliers
Bon ben, joyeux non-anniversaire
Bon ben, joyeux non-anniversaire
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- indienestmonnom
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01 Mar 2020 03:45 - 01 Mar 2020 03:46 #6933
par indienestmonnom
indienestmonnom a répondu au sujet : Pour faire un bon pèlerinage, il faut d'abord avoir la foa !
J'aime bien la référence à Lavilliers, un de mes chanteur français préféré, première version.
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- Graham
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02 Mar 2020 09:21 #6936
par Graham
Génial, je ne connaissais pas ce morceau , très très inspiré de Gainsbourg période "Requiem pour un con" .
Perso j'ai découvert Lavilliers avec O gringo" quelques années plus tard
Graham a répondu au sujet : Pour faire un bon pèlerinage, il faut d'abord avoir la foa !
indienestmonnom écrit: J'aime bien la référence à Lavilliers, un de mes chanteur français préféré, première version.
Génial, je ne connaissais pas ce morceau , très très inspiré de Gainsbourg période "Requiem pour un con" .
Perso j'ai découvert Lavilliers avec O gringo" quelques années plus tard
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