Malgré la réalisation d’un timbre officiel pour l’occasion, le second Safari Calédonien de 1968 reste très peu documenté. L’équipage vainqueur, Jean-Claude Ogier et Lucette Ogier-Pointet, forme pourtant un couple mythique dans l’histoire du sport automobile. Ils seront d’ailleurs encore victorieux l’année suivante, et notre prochaine publication consacrée à la troisième édition sera l’occasion de faire le portrait de Lucette.

Jean-Claude Ogier est né à Grenoble en 1937. Il fréquente assidûment le Café Anglais, haut-lieu des amateurs de rallyes dans la région, et il s’inscrit en 1960 au Neige et Glace avec sa VW. Mais un problème technique l’empêche de prendre le départ. Il devient le co-pilote de René Trautmann, pilote officiel de Citroën sur une ID19 et remportent ensemble le tour de Corse en 1961. Jusqu’en 1964, il épaule occasionnellement Neyret et Bianchi, avec lequel il monte sur le podium en 1963 pour le Liège-Sofia-Liège, et termine 4ème au Monte Carlo de la même année.

Il faut souligner le rôle essentiel de René Cotton, le directeur du service compétition de Citroën, qui a engagé Jean-Claude Ogier et Lucette Pointet, l’une après l’autre, contribuant ainsi à leur rapprochement… Dès 1964, ils font équipe à la Coupe des Alpes, au Tour auto et au Tour de Corse.

En 1965, Jean-Claude Ogier participe au Monte Carlo avec Servoz-Gavin Johnny sur DS 21, à l’East African Safari Rally avec Kassum Ken sur ID19, au Rallye de l’Acropole, et à la Coupe des Alpes avec son frère Bernard, toujours sur une ID19. Il retrouve Lucette au Rallye International des Routes du Nord et au Tour de Corse.

Soucieux de faire repartir les ventes de la marque Panhard, Citroën inscrit plusieurs modèles 24CT dans les plus prestigieuses compétitions de l’époque. Première de sa classe au Tour de Corse, la mal-aimée Panhard, pilotée par Jean-Claude et Lucette, va permettre de l’engager à nouveau pour la saison 1966. Bernard Ogier et Lucette se succèdent sur le siège de droite, les 24CT alignent les victoires.

Cette année-là, Ogier intègre l’équipe Peugeot aux 24h du Mans. Trois coupés CD SP66 sont engagés, avec leurs ailes verticales caractéristiques à l’arrière du capot. Peu après 22h00, Jean-Claude Ogier aborde la courbe des Hunaudières et s’apprête à doubler l’ASA de Pasquier. Hélas, la CD se met en travers sur une trace d’huile et percute la berlinette blanche. Les deux voitures sont totalement détruites. Pasquier est indemne mais Jean-Claude Ogier a les deux bras cassés et diverses ecchymoses.

En 1967, le couple Ogier-Pointet court sur DS21, enfin homologuée. Mais le succès se fait prier.

En 1968, Jean-Claude et son frère terminent second de leur classe au Monte Carlo sur une DS21 mais échouent à faire un bon résultat au Tour de Corse. Avec Lucette, ils remportent à nouveau leur classe au Rallye de San Remo. En septembre, Claude Laurent engage sa Porsche 911 personnelle aux 24h du Mans, et il fait appel à Jean-Claude Ogier pour l’épauler. Ils sont finalement 13ème au classement général. En décembre, alors que Bianchi et lui sont à deux doigts d'arriver les premiers à la dernière étape du Londres-Sydney, après 16000 kilomètres de rallye en 15 jours, une collision avec une Mini non-inscrite détruit leur voiture et blesse Bianchi.

Suite à sa participation au marathon Londres-Sydney avec une coéquipière anglaise sur Ford, et à leur décevante 48ème position finale, Lucette décide d’aller son voisin de frère, qui réside en Nouvelle-Calédonie. Sur l’invitation de Mr Pentecost, distributeur officiel de Citroën sur le territoire, Lucette et Jean-Claude Ogier s’inscrivent au 2ème Safari calédonien. Une DS cabriolet et un avion sont mis à la disposition de Jean-Claude pour les reconnaissances. Le jour de la conférence de presse, il sert mal le frein à main de la voiture, qui dérape et se retourne devant l’assistance ! C’est donc à bord de la DS19 Pallas familiale noire, intérieur cuir, qu’ils remportent la course.

– « Les seules modifications consistaient en une prise d’air extérieure pour le carburateur et une rallonge d’échappement en hauteur pour passer les oueds. J’ai apprécié la bien meilleure étanchéité de la Pallas par rapport à nos DS de course ! »

La seconde place revient à l'équipage Colin Bond/Brian Hope sur Mitsubishi Colt, et ce sont les calédoniens Edouard Boissery/Jean-Pierre Frarhy sur Renault 16 qui terminent en troisième position.

On retrouve encore jean-Claude et Lucette en tête sur la ligne d’arrivée du 3ème Safari Calédonien en 1969, puis 3ème du Rallye du Maroc avec une victoire de classe. En 1970, ils remportent ensemble l’Ampol Round Australia Trial, toujours sur une DS21, et ils mettent fin à leur carrière en 1971.

Ils sortent brièvement de leur retraite en 1982 pour courir le Rallye de l’Acropole sur une Citroën Visa Trophée, pilotée par Lucette, mais abandonnent avant la fin. Jean-Claude termine quant à lui 11ème au Halkidiki Rally sur une Peugeot 104ZS.





Les calédoniens Ned Boissery et Jean-Paul Frarhy, arrivés en troisième position derrière l'australien Colin Bond :


L'accident de Jean-Claude Ogier et Lucien Bianchi au Londres-Sydney de 1968 :


Jean-Claude Ogier et Lucette Pointet à l'Ampol Round Australia Trial en 1970 :

Extra
Merci du cadeau, on attend la suite de l'histoire avec intérêt