Je m'appelle Otto, je suis un Mercedes G-Wagen. Je suis l'auto de Gunther et de Christine Holtorf. J'ai été achetée presque neuve en 1988. À l'époque, je n'étais encore qu'un véhicule de démonstration chez un concessionnaire de Oldenburg, et mon premier propriétaire était encore marié avec sa troisième femme, qui n'a pas supporté plus d'un an la vie que Gunther avait choisi en me choisissant.

Né en 1937 à Göttingen, Gunther Horltorf avait été représentant, puis manager de la Lufthansa en Amérique du sud, aux Iles Canaries et à Hong-Kong. En 1985, il quitta la compagnie pour diriger un concurrent, TUIfly. Après des désaccords intérieurs, il démissionna en 1988 avec la ferme intention de ne plus perdre son temps.

Dès 1989, nous avons tous les trois entamé un périple de 18 mois entre le Kenya et l'Afrique du sud. J'avais été équipée pour le voyage au long cours et pour abriter deux personnes à temps plein. Je n'ai pas changé depuis, et d'où je vous parle, au musée Daimler de Stuttgart, je contemple le chemin parcouru. À la suite de cette première trans-continentale africaine, Gunther et Beate divorcèrent, et c'est grâce à une annonce publiée dans le journal "Die Zeit" que Christine nous rejoignit.

Ensemble, pendant 23 ans, nous n'avons jamais cessé de voyager. Une vie de touringer ultime, plus que partant, toujours allant : nous avons traversé 179 pays et roulé pendant 800.00kms, soit 20 fois le tour de la terre ! J'ai quelque fois été la seule voiture étrangère autorisée sur place, et je fus la première à rouler en Corée du Nord... Gunther finançait nos périples en publiant des reportages et en réalisant des cartes approfondies, Il a, par exemple, été le premier à éditer une carte complète de la ville de Jakarta, commencée dès 1977 à titre personnel, et qui comporte actuellement plus de 380 pages ! Nous avons vécu ainsi jusqu'en 2009. Nous rentrions quelquefois en Allemagne, où j'étais totalement remise en état avant de repartir. C'est l'avantage d'être une machine, on peut quasiment être réparée à l'infini. Pas les Humains : Christine nous a quitté en 2010.

Nous avons continué, avec Gunther et quelques autres, à sillonner la planète jusqu'en 2014. J'ai cru lire quelque part que nous avons établi un record, je ne sais quoi en penser... Aujourd'hui immobile, je continue à délivrer notre message, à tous ceux qui ont la bougeotte, à tous ceux qui voudraient, qui pourraient, mais qui n'y vont pas : "Plus vous voyagez, plus vous constatez à quel point vous n’avez pas vu grand-chose."

www.ottosreise.de/en/start.html

Au commencement les peuples étaient nomades, ils étaient nobles et fiers, ils ne niquaient pas la femme de leurs voisins, ils ne connaissaient pas l'envie ni la jalousie. Seuls les pas de leurs chameaux rythmaient leurs vies et le vent du voyage berçait leur rêves.
Devenus sédentaires , tous les maux de la terre apparurent.
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, sans désir de retour.
Topman

Belle histoire, ça fait rêver Et le classe G est un nomade des temps modernes

L'ensemble des photos de cette vie-voyageuse :

Si j'étais banquier à la retraite, je ferai la même chose