Bill et Daisy Dorgan ont trois filles. Ils dirigent le Dorgan’s café, un établissement connu sur Main Street à Bradford, dans l’Ontario au Canada. En 1932, Bill décide d’acheter une voiture à Darlene, l’ainée de Verna et Margie Dorgan. C’est une Ford T de 1926. Dès le premier été, Darlene invite quelques copines à son bord pour aller faire du camping dans le Wisconsin…

Les « Bradford Model T Girls », comme elles se nomment au départ, parcourent finalement 115.000kms ! Au total, 8 voyages sont effectués jusqu’en 1942, impliquant une vingtaine de filles, pas toujours les mêmes, dont la plupart proviennent de la communauté de Bradford, de l'Illinois ou de la région agricole environnante. Elles visitent 44 états, le Mexique et le Canada… Elles ont entre 17 et 24 ans. Certaines sont mariées, d’autres étudiantes, toutes ont en commun un fort désir d’aventure.

Elles dorment dans la nature, dans des prisons ou des cours d’école, elles cherchent à voir le monde, à rencontrer des stars, des dignitaires et des chefs d'entreprise. Une relation durable se développe d’ailleurs entre les filles et Henry Ford, qui les rencontre plus d'une fois pendant ces années-là. Elles deviennent les « Gypsy Coeds » (coed = terme d’époque désignant les étudiantes en institutions mixtes).

La Ford T, surnommée « Silver Streak » (le trait d’argent) par le groupe, est recouverte de peinture argentée. Partout, le «Lizzie Labeling » (Lizzie = surnom des Ford T) s’exprime : des indications peintes à la main ornent le capot, les ailes et les portes, racontant l'endroit où la voiture et les filles sont allées, et où elles vont… La voiture roule à 50km/h, ses flancs sont garnis de valises, et jusqu’à 6 passagères peuvent embarquer !

Comme un vieux jouet qui finit dans le grenier, la Silver Streak a pris sa retraite pendant la Seconde Guerre mondiale, tandis que les Gypsy Coeds se mariaient et continuaient leur vie. La voiture a été rangée à l'intérieur d'un garage de la propriété Dorgan à Bradford pour de longues années. Le Dorgan’s Café lui-même a fini par bruler en 1974… Mais de forts liens ont uni les Gypsy Coeds, qui n’ont jamais cessé d’être en contact. C’est lors de leur dernière réunion, en 1982, pour une parade à Bradford, que la Silver Streak est brièvement réapparue, avant de disparaitre à nouveau dans les mains des descendants de la famille Dorgan en Oregon.

En 2011, après plusieurs mois de recherche, John Butte et son épouse Carmen retrouvent la trace de l’auto et la rachètent un an plus tard. Il faut dire que la tante de John (Eleanor Butte) a fait les voyages de 1936 et 1937, et que sa mère (Regina Fennell Butte) a participé au voyage de 1939 ! Remarquablement, l'extérieur de Silver Streak n'a jamais été restauré. Elle ressemble beaucoup à ce qu’elle était après son dernier voyage, et elle fonctionne toujours ! En ce mois de juillet, 80 ans plus tard, John Butte et sa femme refont actuellement une partie de ce fameux voyage avec la voiture, de l’Illinois au Canada…

Toutes ces aventures sont parfaitement documentées dans le livre que John a écrit sur le sujet, "Darlene's Silver Streak et The Bradford Model T Girls". C’est une histoire d’amitié et de mode de vie dans les années 30. Elle nous apprend qu’il n’y a nul carcan qui ne doit nous retenir de vivre selon nos désirs de liberté, et qu’il ne suffit pas d’écarter les bras pour s’ouvrir au monde : il faut aller au monde.

gypsycoeds.com
ici.radio-canada.ca/nouvelle/1043470/fem...ure-road-trip-voyage

1938, Dearborn Michigan. De gauche à droite : Darlene Dorgan, Rosemary Moran Back: Winnie Swearingen, Marge Dorgan, Ruby McDonald et Henry Ford.


La vie à bord...


Aujourd'hui :

un copain de mon père en a eu une dans les années 85 il était venu nous voir de Paris à Etampes de mémoire le principe de fonctionnement des pédales n'étaient pas le même que nos autos !

je vais demander à son fils si il a quelques photos


belle aventure et surtout pas un truc de lopette car à conduire

Tu as une excellente mémoire Didier

encore une anecdote ,H Ford demandait à ses sous traitants de livrer les pièces dans des caisses en bois avec des dimensions bien particulières , il réutilisait les lames de bois pour faire le plancher des T

Fin années 20 - début années 30. À l'arrière et à rebours , on voit la grand-mère de l'Indien. Au verso de la photo il est écrit "Une bonne voiture".
Qui peut identifier cette voiture ? Merci.

Dodoche écrit: Fin années 20 - début années 30. À l'arrière et à rebours , on voit la grand-mère de l'Indien. Au verso de la photo il est écrit "Une bonne voiture".
Qui peut identifier cette voiture ? Merci.

PS. La dite voiture appartenait au frère de "Grand-Mère-Indienne", qui aimait aussi les coucous :

Patrice, une idée ?

comme promis voici la T de mon pote

Chouette photo ! Elle roule encore, tu crois ?

Dodoche écrit:

Dodoche écrit: Qui peut identifier cette voiture ? Merci.

Amilcar, BNC, Salmson figurent parmi les principales marques françaises construisant des cyclecars à quatres roues .
(les cyclecars sont des véhicules légers, bénéficiant d'une fiscalité réduite pendant la première moitié des années 20)
Bien que n'ayant trouvé aucune photo de voiture présentant le même capot moteur que celle proposée par Dodoche,
je suis tenté de dire que c'est une Amilcar de type CC.

Quelques exemples de cette auto :

Et la fiche technique :

P.S. : j'aime bien les devinettes

On se souviendra de l'Amilcar GS 1924 dans laquelle Isadora Duncan trouva la mort sur la Promenade des Anglais, happée par son châle pris dans l'essieu d'une roue arrière...

Bravo et merci ! oui, la voiture de la photo semble bien être une Amilcar.

Dodoche écrit: Fin années 20 - début années 30. À l'arrière et à rebours , on voit la grand-mère de l'Indien. Au verso de la photo il est écrit "Une bonne voiture".
Qui peut identifier cette voiture ? Merci.

Eh ! Il y a des trucs qui m'intéressent à tous les coins de page web ici !
Alors en effet il s'agit bien d'une Amilcar, mais j'avais un doute sur le modèle exact. J'hésitais en CC (1921-1925) et CGS (à partir de 1924) Alors autant s'adresser au bon Dieu plutôt qu'à ses saints, j'ai demandé à Gilles Fournier son avis.
D'après lui ce serait plutôt un CS (la version sportive du CC "touriste"), de part l'aspect du châssis (droit et non cintré), la position des ouïes de capot et la jonction entre auvent et carrosserie. Les roues sont plus larges qu'elles ne devraient, mais cela a pu être changé a posteriori.
Il y a donc du sang d'amilcariste qui coule dans les veines de l'indien...

Dodoche, c'est la seule photo de cette voiture que tu as j'imagine ? Aucune idée du lieu ni de la date ?
En tout cas c'est sympa les photos "en action" avec des filles dans les voitures

Gilles Fournier, la mémoire vivante d'Amilcar s'est penché sur cette photo ? Terrrible ! Merci beaucoup pour cette recherche experte, je comprend mieux pourquoi ces voitures m'obsèdent de plus en plus. Tous les deux ou trois jours, je fais le tour des sites d'annonces spécialisés, juste comme ça...

Je suis impressionnée par ces précisions érudites !
Le lieu ? certainement le Forez, mais le propriétaire de la voiture n'y était qu'en vacances.
Hélas, non, je n'ai pas d'autres photos. Je vais enquêter dans la famille.

L'iNDIEN, j'avais fait des recherches sur l'étonnante femme qui a servi de modèle au personnage d'Alexandre, de Michel Tournier. Voici la note du volume de la Pléiade p. 1644, tu trouveras le journal qui est cité :

indienestmonnom écrit: On se souviendra de l'Amilcar GS 1924 dans laquelle Isadora Duncan trouva la mort sur la Promenade des Anglais, happée par son châle pris dans l'essieu d'une roue arrière...

La pilote Elisabeth Junek n'est elle pas décédée de cette façon au volant de sa Bug 35 ?

RD

Non, E.Junek est morte dans son lit, à plus de 90 ans.
Par contre l'histoire d'Isadora Duncan a souvent été racontée en citant une Bugatti 35, tellement plus chic qu'une Amilcar...
La réalité (enfin bon, je n'y était pas non plus hein ) c'est qu'elle était en couple avec un monsieur fortuné et sensiblement plus vieux qu'elle. Voulant se payer du bon temps, elle s’éclipse un soir avec son jeune amant, au volant d'une Amilcar , non pas un GS comme l'indique Wikipedia, (modèle qui n’existe pas) mais plus probablement un CS. Le jeune homme, garagiste de son état, n'avait pas du tout les moyens de se payer une Bugatti.
Et c'est là sur les hauteurs de Nice que le drame se produisit.
C'était en septembre 1927.

Isadora Duncan, morte à Nice le 14 septembre 1927. Le journal "Le Petit Niçois" raconte l'accident le lendemain : www.basesdocumentaires-cg06.fr/archives/recherchePA.php
C'est dans une Bugatti 2318-M9. Je vous laisse lire les détails horribles dans l'article entier, je ne découpe que ceci :

Isadora Duncan. La presse nationale ne dit jamais la marque de la voiture, et ne parle que d'une automobile de sport. Pas plus de précision, mais détail charognard dans "Le Gaulois" du 18 septembre 1927 :